Les spécialistes « empreintes génétiques »
En criminalistique, les traces biologiques exploitables correspondent à des substances issues des êtres vivants, changées ou laissées sur une scène de crime.
Dans le cadre de crimes de sang ou d’agressions sexuelles ou de cambriolages, par exemple, les enquêteurs vont s’intéresser à celles qui pourront être détectées lors de l’investigation des lieux comme le sang, le sperme, la salive, les cheveux et les poils.
L’expert saisi devra déterminer si la trace est de nature biologique.
Ensuite, après avoir mis en évidence la présence d’ADN par quantification, la dernière phase de l’analyse consiste en l’individualisation de la trace par typage génétique.
L’empreinte génétique
En science médico-légale, le typage de l’ADN a été considéré comme la découverte la plus extraordinaire du vingtième siècle.
Cette technique, connue également sous le nom « d’empreinte génétique », permet d’identifier des individus à partir de leur patrimoine génétique. La double hélice d’ADN (acide désoxyribonucléique) contient l’information génétique inscrite dans toutes les cellules nucléées du corps humain. La structure chimique de l’ADN est différente pour chaque personne, ce qui est la clé de notre individualité.
Seuls les vrais jumeaux, ou jumeaux « univitellins », provenant par définition d’un seul oeuf fécondé, divisé en deux, possèdent la même chaîne d’ADN. Des segments particuliers de l’information génétique, très répétitifs et différents d’un individu à l’autre s’ils ne sont pas apparentés, ont été découverts sur la chaîne d’ADN. Leur longueur, position et fréquence tout au long de la chaîne d’ADN caractérisent un individu. Ils peuvent être mis en évidence par électrophorèse capillaire et apparaissent sous forme de pics sur des électrophorégrammes.
Les techniques d’analyse
En 1980, D. Botstein et son équipe furent les premiers à exploiter de petites variations de l’ADN entre des populations. C’est seulement en
1984 qu’Alec Jeffreys découvrit la possibilité d’appliquer l’étude de ces petites variations de l’ADN génomique (appelées RFLP pour Restriction Fragment Length Polymorphism) à l’identification des personnes. Cette nouvelle technique utilisant les RFLP prit le nom de « DNA fingerprint » ou « empreinte génétique ». Elle fut modifiée et adoptée par les laboratoires de criminalistique en 1985/1986 aux États-Unis et en Angleterre.
Cette technique des RFLP permit à la biologie de faire ses preuves en tant que discipline criminalistique. Cependant elle possède quelques limites et requiert, notamment, de grandes quantités de matériel biologique de bonne qualité (donc un nombre très important de cellules bien conservées).
Ces limites furent reculées grâce à l’avènement d’une technique en 1985/1986 qui permet de travailler sur de très faibles quantités d’ADN génomique (quelques nanogrammes) et qui tolère une relative dégradation du matériel biologique.
Cette technique dite d’amplification génique ou PCR (Polymerase Chain Reaction) permet donc de travailler sur des échantillons inaccessibles à la technique des RFLP : un cheveu, un timbre sur une enveloppe, une petite tache de sang, salive ou sperme, … Actuellement tous les laboratoires de criminalistique pratiquent cette technique en routine et peuvent étudier jusqu’à près de 18 régions de l’ADN.
Depuis 1995, l’utilisation d’une nouvelle technique moins informative, reposant sur le séquençage de l’ADN mitochondrial, permet d’exploiter des prélèvements très dégradés (cadavres anciens, ossements, taches anciennes, …).
Elle vient en complément voire en substitution pour certains échantillons, en particulier lorsqu’il s’avère impossible de travailler sur de l’ADN génomique.
Dans le domaine des enquêtes criminelles, l’une des principales applications de ces techniques est l’identification ou l’exclusion des suspects. Elles peuvent s’appliquer à une multitude de situations, par exemple : une tache de sang retrouvée sur les lieux d’un meurtre, une trace de sperme prélevée après un viol, des cheveux arrachés sur un assaillant, un tissu humain retrouvé sur un véhicule après un accident avec délit de fuite, une découverte de cadavre, …
Ainsi, l’empreinte génétique permet d’identifier avec quasi-certitude un individu et de prouver sa présence sur les lieux d’un crime. Avec la mise en place du Fichier national automatisé des empreintes génétiques, cette activité déjà incontournable de la criminalistique prend encore une autre dimension.