Les spécialistes « balistique »
En criminalistique, l’étude des armes à feu porte d’une part sur la connaissance et l’identification des armes et des munitions, et d’autre part sur les problèmes de balistique.
Pour cette dernière activité, il y a lieu de différencier la balistique intérieure, la balistique extérieure et la balistique terminale.
Le premier terme regroupe tous les déroulements à l’intérieur de l’arme. Le second terme est relatif aux corps lancés dans l’espace et le dernier a trait aux effets du projectile à l’impact.
Identification et classification
Les traces caractéristiques, moulées ou glissées, laissées par une arme sur les projectiles et les douilles lors du tir, permettent une identification d’abord groupale (type d’arme utilisée), puis individuelle par comparaison avec une arme suspecte.
En effet, lors du processus de chargement de l’arme et du tir, des opérations successives se produisent (garnissage du magasin, introduction de la cartouche dans la chambre, percussion de l’amorce, départ du coup, extraction et éjection de la douille), qui laissent sur la munition des traces caractéristiques.
Les projectiles et douilles retrouvés sur les lieux d’un délit ont des caractéristiques qui sont propres à leur fabrication (calibre, poids, forme, signes distinctifs), ce qui permet en général l’identification du type de munition utilisée.
Les observations et mesures faites sur les projectiles et/ou les douilles (calibre nominal, nombre, largeur et angle des rayures, sens de rotation, position relative et forme respective de l’extracteur et de l’éjecteur) conduisent à une détermination assez précise des marques et modèles d’armes qui ont pu tirer la munition.
Pour effectuer ces travaux, une banque de données et une collection d’armes de référence et de munitions peuvent être utilisées (l’IRCGN dispose de plus de 12 000 armes en caractéristiques groupales, collection de 6 000 armes de référence et plusieurs milliers de munitions).
Comparaison et interprétation
Lorsqu’une arme est découverte sur les lieux du délit ou chez un suspect, d’autres examens sont possibles. Le technicien effectue alors, au laboratoire, au minimum trois tirs de la munition de la même marque et du même type que l’arme suspecte.
Il procède ensuite à l’examen à l’aide d’un macroscope de comparaison des stries et microstries dans les rayures et les champs des balles. Puis, il examine chaque rayure une à une afin de trouver une éventuelle correspondance. Une fois deux rayures identiques repérées, il observe toutes les rayures des projectiles en les tournant dans le même sens pour vérifier si toutes concordent. C’est enfin au spécialiste d’interpréter ses observations, en fonction de ses connaissances et de son expérience, afin de formuler sa conclusion pour une identification positive ou non.
La spécialisation des techniciens les conduit aussi à déterminer la dangerosité d’une arme, à vérifier le mécanisme du départ du coup, à inspecter l’intérieur du canon avec un endoscope, à étudier l’état du canon, à mesurer la force nécessaire au départ du coup, afin de déterminer la possibilité d’un départ accidentel de ce dernier. Ils peuvent en outre si cela est nécessaire, procéder à la reconstitution de trajectoires de tir et répondre, en collaboration avec le médecin légiste de l’Institut à des questions portant sur la balistique lésionnelle.
Des compétences uniques en France
Alors qu’il n’existait aucune capacité spécifique en France, il est dorénavant possible de traiter toute affaire de lance-roquettes de façon à apporter une réponse d’ordre criminalistique liée à l’utilisation de ces armes particulières (identification du lanceur, de la munition, détermination du poste de tir, …).
Utilisée depuis plus de trente ans dans les pays anglo-saxons, mais longtemps négligée en France, la prise en compte des projections de sang, positive et/ou négative, peut permettre d’étayer une thèse, suicide — homicide — voire accident. Cette technique à forte valeur probante établit un lien avec la morpho analyse des traces de sang.